Des concours, des études, des appels d’offres précèdent les demandes de permis de construire. Ces étapes sont nécessaires à la fabrication d’un projet de maîtrise d’ouvrage. Autant d’étapes qui néanmoins supposent l’inoccupation des sites ou des bâtiments promis à ces projets à venir.
Considérant cette vacance temporaire, Paris Habitat développe dès que cela est possible, à des petites échelles comme des plus grandes, des projets d’urbanisme transitoire. Ces projets permettent d’accueillir des associations d’aide aux réfugiés, des personnes en grande précarité mais aussi des acteurs culturels et du milieu artistique. L’objectif est non seulement de proposer des espaces abordables pour des besoins sociaux non satisfaits mais aussi de créer des lieux générateurs de lien social, de développement local.
Dès 2014, la caserne de Reuilly (12e), 582 logements aujourd’hui, a été pour l’Office, un site précurseur de ces dynamiques. Le site a ainsi accueilli un centre d’hébergement d’urgence géré par le Centre d’action sociale protestant (CASP), deux collectifs d’artistes, le cirque Romanès, Emmaüs, Hip Hop citoyens, le Théâtre Astral qui ont parmi d’autres, tous rythmé la vie du site pendant une année. Aujourd’hui, d’autres initiatives existent.
Un dispositif est par exemple développé au 164 boulevard Diderot (12e). Dans l’attente de la transformation de cet ancien bâtiment industriel en 17 logements sociaux et en des locaux dédiés à un programme de santé, c’est une Halte humanitaire gérée par la Fondation de l’Armée du Salut qui est installée. Elle propose un accueil de jour pour des Mineurs non accompagnés (MNA) en situation de rue. Citons également l’ancienne caserne de gendarmerie Exelmans (16e) aujourd’hui en cours de livraison. Elle a permis, entre 2019 et 2023, le développement de l’occupation temporaire dite des « Cinq toits ». Ce site a accueilli trois centres d’hébergements d’urgence pour demandeurs d’asile et réfugiés et des familles. Plus largement, c’est une communauté de structures mêlant associations mais aussi artistes, artisans et entrepreneurs locaux qui y a pris place. L’ensemble a permis de proposer des espaces de travail, de contribuer à l’animation des lieux et de développer des activités contribuant à l’insertion professionnelle des résidents.
« Je me souviens qu’il y avait des associations locales qui travaillaient autour de la broderie et des artisanats. Les riverains les y ont connus à Exelmans. Des voisins venaient aussi réparer leur vélo ou commander des fleurs auprès d’une entreprise d’insertion. En d’autres termes, cela a permis d’ouvrir cette caserne longtemps fermée, notamment aux riverains qui ont ainsi pu adhérer au futur projet », analyse Hélène Schwoerer, directrice générale adjointe en charge de la maîtrise d’ouvrage.
Car voilà en effet d’autres apports de ces occupations. Elles permettent aux riverains de s’approprier ces lieux. Elles permettent également de préfigurer les usages prévus et possibles du futur projet et de le faire évoluer. Dans le cas de l’occupation de la caserne Exelmans, les usages mis à jour, ont permis d’adapter le programme à la diversité des acteurs et de faire évoluer les futures modalités de gestion. « Les riverains venaient chaque fois. On s’est demandé comment conserver cette dynamique. Comment continuer à faire vivre cette grande cour intérieure. Cette préfiguration a permis de reprogrammer les rez-de-chaussée, de conserver des locaux associatifs et faire perdurer le lien entre les futurs logements sociaux, le Centre d'hébergement et de réinsertion sociale, la Maison relai et la crèche présents sur ce site », conclut Hélène Schwoerer.